Imaginez un futur où vous aurez mis à la poubelle tous les terminaux fixes (Dect, Filaires) et que vous n' utiliserez plus qu'un seul terminal mobile, que vous soyez à la maison, en mobilité ou au bureau, pour l'ensemble de vos communications.
Ce futur n'est pas si loin: j'apprends de sources sûres que France Telecom pourrait lancer des offres résidentielles et entreprise basées sur des terminaux bi-mode Wi-Fi /GSM avant la fin de l'année, et être les premiers à tirer les salves de la convergence fixe-mobile.
Mais c'est bien sûr, pourquoi n'y avais je pas songé plus tôt ?
Pour mémoire, un terminal bi-mode permet de téléphoner
- en Wi-Fi en VoIP, façon BiBop près d'un HotSpot
- en GSM (ou 3G) hors du HotSpot.
Voir mon post de janvier sur le sujet.
La résultante de telles offres serait donc la disparition progressive des terminaux fixes pour des terminaux mobiles...Orange.
FT lancerait donc un service similaire à l'offre British Telecom de BluePhone (qui d'ailleurs prend beaucoup de retard) mais en s'appuyant sur son propre opérateur mobile.
Thierry Breton pourtant l'avait martelé: LA CONVERGENCE des services fixes et mobiles. On l'a un peu oublié...
Bien sûr me direz vous, pourquoi FT se lancerait -il dans un service de Wi-Fi qui à première vue s'assimilerait à de la destruction de valeur ("la VoIP sur Wi-Fi : c'est gratuit" ) ?
Ci dessous une liste de quelques raisons, selon moi, pour lesquelles elle y aurait intérêt :
- Le dégroupage total va lui faire perdre progressivement le lien contractuel avec 20% du marché (33 millions de foyers). Il est temps de trouver un moyen pour retenir ces abonnés attirés par les FAI alternatifs
- FT est le seul opérateur (à part Cegetel) à posséder et à maîtriser l'accès fixe et mobile. C'est un avantage concurrentiel unique qui n'a pas vraiment été exploité (à part vendre des abonnements Wanadoo et Orange dans les boutiques France Telecom).
- Une fois que l'abonné possèdera un abonnement Haut-Débit chez Wanadoo et un mobile Orange qui se connecte au Hot-Spot Wi-Fi de la maison, il lui sera très difficile d'envisager de quitter FT.
C'est une occasion unique pour France Telecom de :
- prouver que c'est une entreprise innovante qui s'adapte à l'évolution de la technologie (FT n'avait pas beaucoup innové ces 10 dernières années en matière de services, malgré des tentatives malheureuses en visiophonie il y a 15 ans et s'était contenté d'une position de suiveur en voulant copier les opérateurs mobiles -genre le SMS sur le fixe)
- convertir sa base fixe vers du mobile Orange (vous avez une ligne fixe, on vous propose un terminal mobile sur lequel vous pourrez passer et recevoir des appels à la maison et qui fait GSM en plus)
- freiner la résiliation de lignes fixes (on peut vivre avec son mobile à la maison-si elle est couverte ou demander la portabilité vers le service de VoIP de son FAI alternatif préféré)
- renforcer l'effet club chez Orange (Papa a un mobile Orange de fonction et offre des mobiles à sa famille)
- dammer le pion de l'innovation à Free. FT avait été particulièrement énervé par les trouvailles et le succès d'un First Mover qui est aujourd'hui le N°2 de l'ADSL. Free semble aujourd'hui davantage concentré sur la densification du dégroupage que sur de nouvelles innovations liées du mobile.
- prendre de l'avance par rapport à ses concurrents. Pas trop compliqué : Cegetel est à la ramasse sur le sujet -ils viennent de sortir leur C-Box qui n'a aucun appeal technique ni tarifaire, Free est sur le dégroupage fixe, et a beaucoup de travail pour proposer une offre mobile cohérente. 9T a signé un accord de MVNO pour la partie entreprise avec SFR qui trainera des pieds pour lui offrir l'accès pour le Grand Public. Les autres acteurs n'ont à mon avis ni la taille critique, ni l'image de marque pour rivaliser avec FT ou alors ont pris beaucoup de retard sur le sujet de la convergence.
- donner un sens au déploiement des Hot-Spots Wi-Fi d'Orange et commencer à les rentabiliser
- offrir du Haut-débit pour les services mobiles, pour permettre par exemple une meilleur expérience de la visiophonie ou du jeu en réseau.
Je félicite McKinsey d'avoir fait de telles préconisations à France Telecom qui, si elle réussit, n'aura pas flanqué son argent en l'air.
Conséquences :
- pour les FAI et Opérateurs fixes: marginalisation progressive car ils ne pourront offrir de terminal mobile suffisament tôt car perdus dans les méandres des négociations MVNO avec les opérateurs mobiles,
- pour les opérateurs mobiles : ils vont être contraints de réagir via des offres de Home Zone (tarifaction moins chère au domicile) à prix cassés, ce qui va faire diminuer l'ARPU et donc l'EBITDA. Ils pourront lancer des offres de FAI via la 3G, comme Surf&Home (O2) et Talk & Web (Vodafone) en Allemagne.
Bref, une possible hécatombe, aussi bien sur le segment "Home" que sur le segment "Corporate".
Le talon d'Achille pourrait cependant être :
1. le volet réglementaire car je doute que le Conseil de la Concurrence laisse FT lancer, seule, en avant première et avec une telle ampleur, des offres de convergence. On pourrait imaginer que l'ART interdise tout simplement le lancement de ces offres ou (moindre mal) oblige FT à permettre aux terminaux GSM/Wi-Fi de ses concurrents d'accéder à l'ensemble des HotSpots de FT (Orange+Wanadoo). Encore faudrait il que ces concurrents soient capables de lancer des offres de convergence dans des délais raisonnables.
2. Une porte ouverte pour les morpions du genre Skype ou MSN qui ne rêvent que d'une chose : s'implanter sur le mobile. FT va devoir gérer finement la possible canibalisation de la voix et des services par ces acteurs en évitant de proposer des OS trop ouverts.
Enfin, quid de la numérotation ?
FT va t il inciter à poubelliser les numéros géographiques (Z=1, 2, 3, 4,5,8) à l'instar des terminaux fixes et promouvroir les numéros mobiles (en Z=6) car générateurs de revenus entrants ?
Ce serait à mon avis, une excellente tactique car outre les revenus entrants, une numérotation mobile renforcerait encore davantage l'effet club via une tarification on-net Orange particulièrement attractive.
Innover ou mourir, telle est la question pour les autres acteurs, actuellement empêtrés dans leurs soucis de rentabilité court terme et/ou de relations avec leurs maisons-mères étrangères !
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Mobile
VoIP
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